Comment décrivez-vous la situation actuelle du pays face au covid19 ?
La crise sanitaire a n’a fait que fragiliser davantage la situation socio-économique à Madagascar. Elle a aussi montré les limites quant à notre capacité à faire face à des situations d’urgence.
Depuis le 03 avril, l’état d’urgence sanitaire a été décrété pour quinze jours. Quelle est votre perception des mesures sanitaires et de la stratégie de riposte contre cette épidémie ?
Dans sa globalité, les mesures sanitaires prises correspondent à la situation actuelle notamment la réouverture de certains centres de traitement comme le CTC à Mahamasina et la vulgarisation des tests de dépistage.
Les lacunes se trouvent surtout au niveau organisationnel ainsi que dans l’application des mesures prises : le résultat des tests de dépistage prend trop de temps à arriver, certains attroupements au-delà des 100 personnes se tiennent encore, il y a une pénurie des médicaments et outils nécessaires pour le protocole de traitement, certains citoyens se plaignent aussi de la non-gratuité des soins alors que le PRM avait annoncé en public cette gratuité …
D’après le rapport sur l’évolution du covid19 à Madagascar, Analamanga est actuellement l’épicentre de l’épidémie. Qu’en est-il du confinement ?
Compte tenu de notre situation socio-économique actuelle, le confinement ne doit être décrété par l’Etat qu’en dernier recours. En revanche, il appartient à l’Etat de fournir tous les moyens, d’adopter toutes les mesures nécessaires puis de garantir leur application effective pour ne pas arriver au confiner. La société civile doit pour sa part continuer sa mission de sensibilisation et d’éducation citoyenne pour prévenir la population.
La lutte pour endiguer la propagation du virus est l’affaire de tout le monde et non seulement de l’Etat, des médecins ou de la Société civile, les citoyens doivent aussi prendre conscience de leur responsabilité.
Quel doit être la priorité de l’Etat pour éviter la flambée de cette épidémie ?
Investir massivement et urgemment dans le secteur de la santé et fournir les soins adéquats aux citoyens. L’inscription de Madagascar à l’initiative COVAX pour pouvoir bénéficier prochainement d’un vaccin est un effort qu’il faut saluer.
Il y a une semaine, la société civile a tiré la sonnette d’alarme pour que les autorités décident rapidement du vaccin adapté aux Malgaches. L’Etat malagasy a donné le feu vert pour le vaccin en s’inscrivant officiellement au mécanisme Covax. Est-ce une lueur d’espoir ?
Certainement, dans les pays qui ont eu accès à la vaccination, les activités reprennent peu à peu leurs cours normaux. Toutefois, il faut toujours rappeler que le recours à vaccination pour chacun résulte d’un choix libre et éclairé. Le vaccin est un protocole de soin comme tout autre et il est du droit de chaque citoyen de choisir de quelle manière il veut se faire soigner.
Myoura H .