Une onde de choc et de déception pour les foyers nécessiteux, exclus de la liste
En réponse à la pandémie de COVID-19, avec l’appui des bailleurs de fonds, l’État a mis en place des dispositifs dans son plan d’urgence sociale. Il s’agit d’une aide monétaire d’un montant de 100 000 ariary par transfert de cash ou Tosika Fameno. Les principales cibles sont les ménages vulnérables et ceux qui ont dû arrêter leur travail dans les districts et régions où le confinement a été mis en vigueur.
Frappé d’un cran par la crise sanitaire qui a également eu un fort impact socio-économique, certains ménages n’imaginent plus leur vie après la pandémie de covid19. L’annonce de l’existence du Tosika Fameno était une grande lueur d’espoir pour ceux qui croyaient correspondre aux critères des foyers nécessiteux. Pourtant, des ménages manifestent leur désarroi face à la pertinence de la sélection des bénéficiaires de cette aide financière. Ils racontent leur angoisse. Suzanne Rasoloarisoa, 51 ans, mère de trois adolescents, lessiveuse estime avoir été exclue de la liste des bénéficiaires du Tosika Fameno, « J’ai dû rester chez moi pour respecter le confinement. J’ai déjà fait l’inscription au niveau du Fokontany Isaha, commune Fianarantsoa, district Fianarantsoa en espérant que cette somme pourrait me servir pour tenir le mois. Mon renseignement a été enregistré lors de l’enquête», raconte-t-elle. Quand la liste des bénéficiaires a été publiée, cette quinquagénaire a été à la fois surprise et déçue, car son nom ne figurait pas dans la liste, son espoir s’écroulait. Suzanne ne comptait pas rester les bras croisés, elle a déposé des plaintes pour lever les obstacles, mais n’a encore reçu un retour.
Même scénario pour Albert Tobindrainy, un père de famille de 49 ans qui travaille dans un hôtel à Fianarantsoa en tant qu’aide-cuisinier. A cause du confinement, l’établissement a dû fermer ses portes. Ainsi ce père de trois adolescents se trouve au chômage. Avec les factures impayées, il a dit avoir mal vécu ce manque d’activité. « Malgré le suivi de tous les processus mis en place au niveau du fokontany, je n’ai reçu aucune des aides accordées par l’État pour accompagner les foyers qui ont perdu leur source de revenus à cause du confinement. J’ai déposé des plaintes pour les non-bénéficiaires, et je me suis inscrit pour la nouvelle démarche mais aucun écho jusqu’à présent », regrette-t-il.
Du mécontentement
Nombreux foyers se sentent lésés. L’abus de pouvoir, le favoritisme et la corruption ont été pointés du doigt lors de la distribution des aides sociales dans certains districts. « J’ai été témoin d’un acte de corruption. Certains ménages paient 20 000 ariary au responsable pour bénéficier du Tosika Fameno dans le quartier de Sahalava Fianarantsoa », dénonce Albert Tobindrainy. Dans la commune de Moramanga, Fokontany Moramanga Ambony, selon, Mamy Rakotoarimanana, un père de famille, « ce sont les proches Des responsables des fokontany qui bénéficient à plusieurs fois des appuis financiers « . De plus, la pertinence des choix et la sélection des bénéficiaires du Tosika Fameno ont été remises en question au niveau du fokontany face aux détournements en faveur de familles qui ne correspondent pas aux critères de vulnérabilité. « Je trouve que les bénéficiaires sont filtrés et l’aide n’est pas parvenue aux vrais destinataires », se plaint Suzanne, elle dénonce également l’existence d’actes de favoritisme commis par « un agent du Ministère de la Population » en faveur de ses proches dans le quartier, « Certaines familles proches de cet individu bénéficient à la fois du vatsy tsinjo et du Tosika Fameno », dénonce-t-elle.
