Le classement mondial en matière de lutte contre la COVID19
En date du 18 avril 2021, l’OMS recense 140 millions de cas de contaminations COVID19, 80 millions de guérisons et 3 millions de décès. Malgré la découverte récente des différents vaccins, la formation des nouveaux variants du COVID19 n’a pas fini de réduire l’ampleur de la crise planétaire. Les pays comme les USA, l’Inde, le Brésil, la France, la Russie et le Royaume Uni demeurent les pays les plus touchés par la pandémie. Les îles, les Etats insulaires ainsi que les pays plus ou moins isolés à l’exemple du Sahara Occidental, l’Anguilla, le Vatican, la Nouvelle Zélande sont les moins touchés par la COVID19. A part cela, le Vietnam, un pays de 96 millions d’habitant quant à lui est cité par l’AFD comme un exemple dans la gestion de la lutte contre la pandémie COVID19 : il recense 2272 cas, 2245 guérisons et 35 décès du 22 mars 2020 jusqu’au 16 avril 2021. Le Vietnam en dépit du fait que ses frontières soient étroitement liées à celle de la Chine a été épargné du fait de la fermeture précoce de ses frontières, la mise en place de la stratégie du risque zéro : tout miser sur la prévention. Au Vietnam, « lorsqu’une personne est testée positive (appelée F0), une liste est établie de toutes les personnes qu’elle a rencontrées. Ces dernières (dénommées F1), sont envoyées immédiatement en quatorzaine dans des centres fermés – casernes, hôtels et immeubles collectifs réquisitionnés à cet effet – ou dans leur propre logement si possible. Elles sont systématiquement testées et doivent à leur tour prévenir les personnes avec lesquelles elles ont été en contact. Ces dernières (F2) devront quant à elle respecter la distanciation sociale et si possible se confiner chez elles 14 jours. Si l’un des F1 est testé positif, il devient F0, et le processus seréplique : les F2 deviennent F1 et la recherche des nouveaux F2 est, etc » 2
Environ 9 000 Milliards USD pour financer les plans de riposte
multiformes à travers le monde.
La pandémie COVID19 a déclenché une riposte globale nécessitant une capacité de réponse rapide. Tous les pays ont ainsi élaboré un plan de riposte multisectoriel mobilisant d’importants financements. Selon le FMI, environ 9 000 Milliards USD ont été mobilisés dont 4.400 milliards de dollars de dépenses budgétaires directes et 4.600 Milliards USD de prêts/injection de capitaux publics, garanties, opérations liées aux entreprises publiques. Le financement des plans de riposte représente une part importante du PIB. Pour Madagascar en particulier, le financement du plan de riposte représente près de 1,5% du PIB et le volet sanitaire occupe seulement la 4ème place du budget du PMDU.

Source : FMI, Bilan des mécanismes de riposte à la pandémie COVID19 en Afrique francophone, Décembre 2020
Risque de corruption élevé en temps d’urgence
En plus de ces montants colossaux, l’instauration de l’état d’urgence a permis d’assouplir les règles financières impliquant d’important risques de corruption. A ce titre, des scandales de corruption ont éclaté en Afrique. L’Afrique du Sud avait été confronté à des scandales de corruption autour de 600 contrats de fournitures de matériels, d’aide sociale et distributions alimentaires représentant plus de 5 milliards de rands, soit 250 Millions d’Euros 3. Au Kenya, le vice-ministre de la santé a évoqué l’existence de réseaux mafieux détournant les fonds au sein des ministères par le biais de rétrocommissions allant jusqu’à 35% auprès des bénéficiaires du fonds. 4À Madagascar, des suspicions de corruption ont également fait couler beaucoup d’ancres : les fameux affaires bonbons au niveau du MEN, les suspicions de favoritisme dans l’attribution de matériels et d’équipements « écran plat », etc soumis auprès des Institutions de lutte contre la corruption (BIANCO, etc.) mais bloquées au niveau des procédures liées à la poursuite des hauts responsables Assemblée Nationale/AN – Haute Cours de la Justice/HCJ. Le réseau Malina a récemment dénoncé l’omerta sur les juteux marchés des masques. Antonio Guterres, lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale célébrant le 75e anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, a qualifié la corruption comme étant un acte criminel et immoral, une trahison ultime de la confiance publique, causant plus de préjudice en temps de crise5.
2 https://www.afd.fr/fr/actualites/covid-19-succes-vietnam
3 Afrique du sud est parmi les pays ayant une très bonne pratique en matière de transparence budgétaire et de gestion des finances publiques facilitant la détection et le rapport des corruptions dans les rapports publiés.
4 Jean Louis ANDRIAMIFIDY, Les mécanismes de transparence et de redevabilité dans la gestion des fonds et subventions COVID-19 dans les États signataires de la Convention de l’Union Africaine sur la Prévention et la Lutte contre la corruption, ETIKA 20
5 Source : https://www.un.org/fr/coronavirus/statement-corruption-context-covid-19
Les bonnes pratiques de transparence et de redevabilité dans la gestion des fonds COVID19
La pandémie COVID19 a mis en lumière la rigidité ainsi que les dysfonctionnements manifestes des procédures de gestion des finances publiques. Mais elle a aussi fait l’emphase sur les bonnes pratiques en matière de transparence et de redevabilité. Il s’agit en l’occurrence de mesures spécifiques d’information et de surveillance telles que :
o La mise en place de portail en ligne : Togo, Honduras et Madagascar sont des exemples de pays qui ont présenté en ligne les ressources budgétaires et
extrabudgétaires liées à la lutte contre la COVID19 même si pour Madagascar, les informations partagées/publiées ne sont guère à jour et complètes;
o Le renforcement des mesures de contrôles : la réalisation d’audit provisoire et de contrôles préventifs, le suivi par la société civile des fonds COVID19. En Sierra Leone, le contrôleur général a mis à disposition une partie du personnel pour réaliser un audit
provisoire de leur fonds spécial.
o La communication proactive sur la gestion financière COVID19 : la Gambie avait annoncé la tenue de conférence de presse hebdomadaire organisée par la Direction Générale du Trésor (DGT) sur l’exécution des dépenses COVID19.
o La création de fonds spéciaux COVID19 pour centraliser et mieux retracer les fonds COVID19
Les bonnes pratiques de transparence et de redevabilité dans la gestion des fonds COVID19
Selon une enquête de l’OMS en Août 2020, près d’une quarantaine de pays ont mis en place un fonds spécial pour la lutte contre la pandémie COVID19 pour (i) une meilleure traçabilité des dépenses liées à la COVID19 ou un contrôle et une gestion centralisée des mesures relatives à la COVID19 (ii) associer les CTD afin de faciliter l’exécution des dépenses urgentes (iii) accélérer les procédures d’exécution des dépenses publiques. Certains pays ont eu choisi de mettre en place un fonds extrabudgétaires 6, n’étant pas inscrit dans les lois de finances. Une grande partie a choisi de mettre en place l’option du fonds canalisant les financements inscrits dans le budget de l’Etat, incluant les dons et financements des partenaires techniques et financiers et les dons des secteurs privés et associatifs. La liste des fonds spéciaux à travers le monde est présentée en annexe du présent bulletin.
6 Définition : « des transactions financières, souvent dans le cadre d’un dispositif bancaire et institutionnel distinct, qui ne figurent pas dans la loi de finances annuelle régissant le budget de l’État”, FMI, Fiscal Affaires, Série Spéciale sur la COVID19, Août 2020
Retard dans la mise en place et l’opérationnalisation du fonds de
riposte COVID19
Suite aux recommandations de la société civile et des partenaires,
un fonds de riposte COVID19 a été adopté en juillet 2020 7 à Madagascar. Ce fonds regroupe les moyens dédiés au financement des actions urgentes menées dans le cadre de la lutte contre la pandémie. L’opérationnalisation du fonds dépendait de la mise en place du comité de pilotage qui n’a été réellement opérationnel que huit mois après l’adoption du fonds en conseil de gouvernement.
Entre temps, le MEF a publié en décembre 2020 les données financières relatives à l’utilisation des fonds COVID19 8 . Le présent bulletin s’attèlera à expliciter au grand public les principales conclusions issues du rapport financier COVID19 publié par le MEF.
